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Kampot la prospère - années 60

Années 60 se loger à Kampot pour les " professeurs français" .

25 Octobre 2012 , Rédigé par kniom

   Pas d'expats ou de coopérants pour nous désigner, nous étions appelés "les professeurs français".

   Notre rôle était d'enseigner toutes les matières dont le français dans les collèges et lycées cambodgiens de la capitale ou en province.

   Quand nous sommes arrivés à Kampot après notre nomination au Lycée PRS , nous nous sommes installées à L'Auberge Royale, nom pompeux pour désigner un hôtel qui servait également de maison de passe. Nous y passâmes quelques nuits avant d'être installées à la Maison de France le long du fleuve en amont de la Résidence du Gouverneur.

   Ce bâtiment existe encore en l'état et est le siège du gouvernement de la province d'après mes informations.

   En 2005, j'ai pu constater que seule la galerie courant le long des chambres avait été vitrée. Pour agrandir ce qui semble être devenus des bureaux ? Le rez-de-chaussée, à l'époque, avait ses volets fermés. Une immense salle de réception vide et impressionnante occupait tout l'espace. A l'extrême droite, la terrasse a été supprimée pour être coiffée d'un étage. L'entrée actuelle à l'extrême gauche n'existait pas.

 

    Toutes rectifications des lecteurs seront les bienvenues à ce sujet.


   Voici quelques photos de la Maison de France en 1960. Sa galerie ouverte, sa terrasse que nous utilisions fort peu vu la chaleur extérieure.

 

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   Chaque locataire avait sa chambre au mobilier restreint : lit avec moustiquaire, bureau et chaise, pas d'armoire. Une table et quelques chaises formaient le mobilier type de la salle à manger. Je pense que ces meubles vu leur état était ce qui restait en rebut. Les pièces précieuses ayant été mises à l'abri au départ des Français. Chaque chambre avait sa salle de bain particulière avec douche et son eau froide. Ces sanitaires étaient luxueux à cette époque, nous sommes en 1960. Peu de maisons de province en France possédaient une salle de bains.

   Dans les diverses maisons que nous avons habitées à Kampot, le mobilier vétuste était du même acabit. Petit à petit, nous le complétions par quelques éléments en rotin. En fin de séjour, au Cambodge, nous avions droit à des conteneurs pour emporter en France ce que nous avions accumulé. La majorité des professeurs français habitaient des villas situées en ville. Quelques célibataires occupaient des compartiments chinois. Une seule prof s'était installée seule dans un hameau sur la route de Tuk Chhou au grand dam de notre directeur du lycée. Il préférait avoir son équipe française à kampot-Ville comme on disait alors.


   Je me souviens d'un artisan d'origine vietnamienne qui jouissait d'une jolie réputation dans l'art de faire des meubles en rotin légers et bon marché. Il suffisait de lui soumettre le modèle convoité et il le fabriquait. Inutile de préciser que sa renommée circulait dans la " colonie" française.


   En voici quelques exemples.

 

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De droite à gauche : Claude, ma soeur et moi.

 

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    Il est à signaler que nous ne payions pas de loyer, pas plus que l'eau ou l'électricité.

   Après la rétrocession de la Maison de France au gouvernement cambodgien en 1962, nous fûmes logées dans une villa de facture moderne que nous quittâmes bien vite. Mal isolée de la chaleur, on y étouffait. Notre choix suivant se porta sur une villa coloniale où il faisait bon vivre (ci-dessous)...


   Les villas proposées à la location appartenaient aux fonctionnaires de la ville et étaient d'un bon rapport financier pour eux. Leur appartenance explique que nombres d'entre elles furent démolies voire rasées sous les KR. Je ne sais qui du gouvernement français ou cambodgien payait notre location.

 

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 La villa coloniale initiale

 

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 et ce qu'il en reste ...

 

   Notre salaire nous était versé en riels en espèces, l'autre partie en francs directement sur notre compte bancaire en France. Je ne me souviens plus dans quelle proportion. Par contre, la somme en riels nous suffisait amplement pour vivre au Cambodge.

   Le soutien pédagogique était inexistant et dépendait de l'administration française. En cinq ans, je n'ai vu l'inspecteur qu'à l'occasion de l'examen de mon CAP. Il venait rendre éventuellement visite à des collègues sur leur demande en vue d'une promotion. Quand nous sommes arrivées au lycée PRS, le directeur nous a précisé les matières et les classes qui nous étaient dévolues. A nous de faire au mieux...

   Sur un séjour de cinq années à Kampot, la gent féminime était largement représentée au sein de l'équipe enseignante française. Des jeunes femmes célibataires en rupture de ban avec leurs familles qui ne s'attardaient pas dans les lieux, des femmes d'âge mûr plus sédentaires, de rares familles sans enfants ou avec jeunes enfants non scolarisés, des atypiques dont un charmant prêtre défroqué adoré par les élèves : il parlait khmer, un homosexuel érudit qui pouvait vivre sereinement ses amours particulières, quelques baroudeurs qui allaient et venaient entre l'Asie et l'Afrique, et nous, les trois soeurs bretonnes, venues pour rembourser les dettes commerciales de nos parents.


   Chacun avait ses raisons d'être là.


  Les familles avec enfants à scolariser demandaient à être nommées à Phnom Penh pour pouvoir inscrire leurs enfants en primaire ou en secondaire au lycée Descartes.

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C
Merci beaucoup pour toutes ces précisions . J'ai quitté cet endroit appelé " La Maison de France " en 1962 . En effet cette maison a été rétrocédée au gouvernement khmer à cette époque . Elle était occupée par 4 professeurs français et deux couples de géomètres travaillant sur la nouvelle voie de chemin de fer ;
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L
La maison de France de 1960 etsit devenue le bureau provincial en khmer Sslakhet Kampot, les chambres sont transformees en bureau d'administration, les chambres du premier etage sont devenues les bureaux du gouverneur et des vices gouverneurs et puis les bureaux des conseilers provincial. A droite, une nouvelle grande salle de reunion etait construite dans les annees 2000. En 2014, la nouvelle Dalakhet etsit contruite dans le Terrain de l'ancien maison du gouverneur.
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